VIEILLIR !
texte de Bernard Pivot
Extrait de son livre paru en avril 2011
Les mots de ma vie ! ...
Vieillir, c’est chiant. J’aurais pu dire : vieillir, c’est désolant, c’est insupportable, c’est douloureux, c’est horrible, c’est déprimant, c’est mortel.
Mais j’ai préféré « chiant » parce que c’est un adjectif vigoureux qui ne fait pas triste.
Vieillir, c’est chiant parce qu’on ne sait pas quand ça a commencé et l’on sait encore moins quand ça finira.
Non, ce n’est pas vrai qu’on vieillit dès notre naissance.
On a été longtemps si frais, si jeune, si appétissant.
On était bien dans sa peau.
On se sentait conquérant. Invulnérable. La vie devant soi. Même à cinquante ans, c’était encore très bien. Même à soixante. Si, si, je vous assure, j’étais encore plein de muscles, de projets, de désirs, de flamme.
Je le suis toujours, mais voilà, entre-temps j’ai vu le regard des jeunes, des hommes et des femmes dans la force de l’âge qu’ils ne me considéraient plus comme un des leurs, même apparenté, même à la marge. J’ai lu dans leurs yeux qu’ils n’auraient plus jamais d’indulgence à mon égard. Qu’ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables.
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Ce texte fait écho à celui que j'avais commencé début septembre .... et qui est resté dans les brouillons... Mais il est marrant de voir comme les mots nous bousculent quand on est intéressé par le sujet qu'ils évoquent !
VIEILLIR ! c'est une chose que l'on regarde sans comprendre à 10 ans, à laquelle on ne veut pas penser à 20 ans, que l'on regarde avec tendresse à 30, un peu plus intensément à 40... et qui vous agace à 50 et fait naître une certaine dureté doublé de crainte ..
A la suite de la grande réunion familiale que nous avons organisé et à laquelle malheureusement je n'ai pu assister, ma soeur m'a envoyé les rushs qu'elles avait filmés afin de me faire participer à ses retrouvailles. Et de voir mes oncles et mes tantes arrivés comme ça les uns à la suite des autres m'a fait réaliser que le temps avait fait son oeuvre, mais pour autant je n'ai pas senti de différence dans mon regard, ni dans mon comportement car ils étaient exactement comme hier....
contrairement à cet été quand j'ai vu mes beaux-parents....
Depuis toujours 3 ou 4 fois par an nous montons les voir... Toutes nos vacances leur ont toujours été consacré... Pour x raisons nous n'avions pas pu venir cette année ... et là peut être parce que le contraste entre nos deux dernières visites étaient saisissants nous avons réalisés qu'aujourd'hui ne serait pas comme hier. L'année passée avait laissé son empreinte, et pour la première fois nous les avons vu avec leurs yeux qui regardait 10 ans auparavant les grands-parents .... et pour le coup notre comportement s'en est ressenti.... nous avons dû nous fâcher contre eux, prendre certaines décisions qui jusqu'ici ne nous avaient pas vraiment effleuré l'esprit et réalisé qu'aujourd'hui il nous fallait pour eux réfléchir à un accompagnement de vie et surtout leur faire prendre conscience de ce qu'eux même dénonçait à l'époque de leur parents à savoir comment leur faire admettre qu'ils ne pouvaient plus ou qu'ils n'avaient plus ...
et là plus que notre regard c'est le leur qu'il devait changé... Il fallait absolument qu'ils voient qu'il n'avaient plus :
Plus l'énergie à déménager des meubles,
plus l'énergie à faire des travaux !
plus l'énergie à faire chaque jour un nettoyage de printemps et qu'il était peut être temps à 80 ans de demander de l'aide, de l'assistance, qu'il était peut être temps d'accepter que 80 années avait fatigué le moteur et qu'il ne veut plus vrombir .... juste tourné doucement, tranquillement ...
Et la grande difficulté est autant pour nous de l'admettre que pour eux d'admettre qu' ils devaient renoncer à certaines choses, que le poids des années avaient donné le joug au quotidien !
et force et de constater qu'il n'est ni facile pour eux, ni pour nous de regarder la vieillesse sereinement car il est difficile de trouver le bon équilibre entre une gestion des problèmes efficaces et le ménagement des susceptibilités.... ce ne sont pas nos enfants, mais il faut pourtant prendre des décisions qu'ils prenaient auparavant pour nous quand nous n'étions que des enfants et, ils nous faut aujourd'hui, nous fâcher pour leur faire entendre raison.
Chose que nous n'avions encore jamais fait nous avons rencontré leur médecin, qui nous a avoué être lasse de leur répéter les mêmes choses et qu'il n'avait pas le temps de se battre contre des moulins à vent. Pour le coup il était content de nous savoir présent et il était content de lever le loup...car les bx parents lui laissaient entendre qu'ils étaient seuls...tout seul, abandonné ...Ils se plaignait, sans cesse mais refusaient toutes propositions et continuaient sans vouloir rien changer pour améliorer le quotidien !
et on ne peut faire comme si hier était aujourd'hui ... mais contrairement à ce que dit M. Pivot " J’ai lu dans leurs yeux qu’ils n’auraient plus jamais d’indulgence à mon égard. Qu’ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables." plus que notre regard c'est notre raison qui a pleuré !
Alors Mr Pivot, je dirais, qu'il n'est sûrement pas facile d'atteindre cet âge où vous dites voir changer le regard des gens, mais ne serait ce pas l'âge lui même qui fait retomber, certaines personnes, en enfance et ré adopter le comportement capricieux de l'enfant, qui veut ce qu'il ne peut avoir .....et pour le coup l'autre, "les hommes et les femmes dans la force de l'âge" répondent par un sermon, un regard désapprobateur... car au delà de notre volonté à ne pas vouloir les "materner" c'est leur bien être et leur santé qui nous importent.
Comment serons nous à cet âge ? Je ne sais ! Mais si je me moque bien du regard qu'auront sur moi les "les hommes et les femmes dans la force de l'âge" j'espère seulement rester assez lucide pour éviter de mettre le cerveau et le coeur de mes enfants sans dessus dessous !